samedi 9 août 2008

Le traité d'amitié a été scellé au bord d'une Nexia!

La portière de la Nexia se ferme sur la chaleur, « Skolka » me demande le chauffeur ? Combien ?
- Dva ! ( 2000 soums), c’est raisonnable pour la distance! J’ai l’habitude d’être plus généreux, mais voilà, ma bourse s’est amaigrie.

- « A kuda » ( tu viens d’où) ? Je ne compte plus cette question!
- « Franzuz! » La réponse jetée, appelle une autre question, la fameuse!
- Tourist ?
- Niet ! Réponse appuyée.
- Rabotayesh ? (Tu travailles)
- Da!
- Gdie (où) ?

Que vais-je bien pouvoir inventer, aujourd’hui ?

- Je suis Footballeur, Je joue au Kurutchi !

Le silence d’abord, puis un petit cris sort involontairement de sa gorge, sans que ses lèvres l’eussent invité. Sur ses tempes, le pouls subitement accéléré, dessine des vaguelettes. Il est aux anges.

- Sérieux ?! Me rétorque-t-il, après avoir repris haleine.

Sur son visage, je lis un sourire, auquel je répond en miroir, dans un premier temps pour faire durer le suspens.
Je joue un peu avec le temps, mime le sérieux et racle ma gorge.
Je laisse son émotion se tendre encore et, dès que je la sent avoir atteint son pic, je répond enfin :

- Bah non, je déconne!

La petite étincelle qui avait jaillit contre son iris, plonge à l’oubli dans les profondeurs de ses pupilles. Il a ravalé son sourire et son visage est maintenant excessivement sérieux.

Je l’ai déçu, semble-t-il . L’ironie est ici une langue étrangère !

Fatigué de ma journée, je profite du silence pour m’étendre plus confortablement sur mon siège. Il nous reste 10 minutes de trajet.

Il boude toujours, et pousse le son du transistor, qui sue une mauvaise techno ouzbek.
Avec de si bonne basses, quelle misère de s’abîmer les oreilles d’une pareille musique.
Je n’en peux plus et me tournant vers lui j’hésite une phrase balbutiante :

- « Rap Yest ? » ( t’as pas du rap)
- Rep ?
- Da , Da!

Le sourire et de retour, il me regarde complice, une seule de ses mains agrippe le volant, de l’autre il triture une télécommande.

La musique vient de changer; enfin les basses servent véritablement leurs fonctions.
Son coude sur la fenêtre, il navigue maintenant de l’avant bras, comme un gangster américain.

Ma tête commence à bouger! L’espace-temps est renversé! Fini l’Ouzbékistan à la tonton, on passe au Pays des Grandes Opportunités ! ( Mat a la paternité de cette formule).

On a trouvé une langue commune, sa tête a pris la même cadence que la mienne, de haut en bas avec des petits mouvements sur les côtés; il pousse encore un peu le son,
Here we come!

En vous écrivant cela, ma tête balance encore, à ce détail près que je ne suis pas dans une voiture et qu’il n’y a plus de musique, hormis, le souffle bruyant de la climatisation de l’hôtel et une escrimeuse chinoise, qui hurle tellement à la télé, que je dois plusieurs fois me tourner, pour m’assurer qu'il ne sagit pas d'un film d’horreur.

Une famille européenne qui déjeune, me regarde ahurie! Je me ressaisi !
Sûrement, ne connaissent-il pas cette langue! Je me dois retourner à l’Ironie!

- Je souffre de Parkinson ! Leur dis-je, moue aux lèvres!
Se sont-il ouzbekisés , qu’ils ne rient pas !

Eh ! Peu m’en chaut! Donnez moi des basses lourdes et de l’Ironie, nul besoin d’autres langues pour bâtir ma Patrie!

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